Communiqué du 28 septembre 2015 :
Incendie à la centrale nucléaire de Brennilis : stop aux pratiques dangereuses des apprentis sorciers en démantèlement !
Sitôt, l’incendie éteint, les autorités s’empressent de rassurer : toute hypothèse de contamination est écartée, les « fumées sont contenues sous le dôme » alors qu’au minimum une analyse approfondie chimique et radiologique des fumées et des particules est nécessaire pour affirmer une absence de contamination. Les résultats ne peuvent être connus immédiatement.
Tous les intervenants devront être informés s’ils ont subi des contaminations chimiques et nucléaires. Un suivi médical de longue durée devra être mis en place car la réponse de l’organisme à la contamination peut être lente et les cancers ne se déclarer qu’au bout d’une vingtaine d’années.
Le sinistre survenu le 23 septembre peu après 15h30, a duré 1h30 et a eu lieu dans la partie nucléaire du bâtiment réacteur. Michel Marzin, ancien technicien de la centrale note dans son blog (1). « C’est conséquent et rare, parce que très dangereux en zone contaminée où les produits radioactifs peuvent se vaporiser rapidement » … « Il semble que le feu ait pris dans l’atelier de découpe des échangeurs, où les opérateurs étaient peu nombreux, équipés de scaphandres car en zone contaminée. Les moyens d’intervention contre le feu devaient y être restreints et les moyens d’intervention de l’extérieur difficiles à déployer, sans exposer les opérateurs à une contamination externe et interne. » … « L’atelier de découpe des échangeurs, où le plafond a fondu, semble être fortement détérioré, puisque fabriqué en matières plastique et en plexiglass (Nous avions été très critiques lors de sa construction). ».
Le parquet s’inquiète du respect des mesures de sécurité car suite à cet incendie, il vient de confier une enquête à l’inspection du travail. La Fédération anti-nucléaire de Bretagne demande la publication intégrale de tous les rapports. Elle rappelle que 7 associations avaient déposé un recours en Conseil d’Etat en 2011 puis en 2013 un référé pour s’opposer notamment à cette découpe des échangeurs car d’après des documents internes à EDF, c’était l’option qui exposait le plus les travailleurs.
La Fédération anti-nucléaire Bretagne dénonce les pratiques dangereuses d’apprentis sorciers en démantèlement nucléaire. L’incendie du 23 septembre n’est que la suite logique de dysfonctionnements, d’omerta, d’opacité, d’infraction aux procédures démocratiques malgré les mises en garde, demandes d’informations, courriers, pétitions, actions en justice des associations.
Visiblement les incendies se multiplient sur les chantiers d’EDF comme dernièrement à Paluel sur le chantier de rafistolage (ou « grand carénage ») devant permettre de prolonger les réacteurs au-delà de 30 ans. Lors de l’explosion du four de fusion de déchets radioactifs en 2011 sur le site nucléaire de Marcoule, l’exploitant avait communiqué des chiffres minimisés sur l’activité des déchets radioactifs (2).
Obligée de subir, la population est en droit de savoir : quels radionucléides et en quelle quantité ont été rejetés lors de cet incendie ? Par le passé, EDF lui a caché les quantités énormes de rejets radioactifs — cf article Brennilis : 44 ans d’illégalité en toute impunité (3)
La question du démantèlement et de ses déchets doit être enfin débattue publiquement : c’est un problème d’intérêt général et non une question marchande soumise aux aléas de la sous-traitance en cascade. Il n’existe pas de solution idéale aux problèmes posés par les déchets nucléaires (sauf à attendre pendant des millions d’années la décroissance de la radioactivité). Il est donc urgent de cesser d’en produire et de réfléchir collectivement à la moins mauvaise option.
Le nucléaire est une technologie inacceptable qui fait peser des menaces permanentes sur la population, son environnement et sa santé. Arrêtons-le immédiatement
(1) Blog de Michel Marzin : http://blog.michelmarzin.fr/
(2) http://www.criirad.org/actualites/dossier2011/marcoule/cp_centraco.pdf
(3) http://www.sortirdunucleairecornouaille.org/spip.php?article174
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