Lettre ouverte aux listes européennes 2014 : réponse de “EELV”

Europe Ecologie Les Verts

Êtes-vous oui ou non pour l’arrêt immédiat du chantier EPR ?

OUI. Depuis toujours, le parti écologiste défend une Europe zéro nucléaire, et exige la fermeture immédiate des chantiers EPR. Aujourd’hui, la liste Europe-Écologie réitère l’absolue nécessité d’appliquer le principe de précaution au nucléaire, une énergie dangereuse et qui se révèle très chère pour le citoyen et dont les conséquences sont dramatiques pour notre planète. Cette énergie est une énergie du passé, il faut tout simplement enclencher la transition énergétique, basée sur le duo gagnant : énergie renouvelable et efficacité énergétique.

L’EPR n’est pas une solution de remplacement pour le parc vieillissant actuel :

– débâcle économique comme le montrent les exemples de Flamanville et Olkiluoto (Finlande)

– danger pour la sûreté car malversations lors de la construction + défauts de conception (absence de résistance à la chute d’un avion de ligne) + utilisation de combustible MOX

– danger démocratique car engage l’avenir énergétique de la France pour les 40 prochaines années.

Êtes-vous oui ou non pour l’arrêt des réacteurs de plus de 30 ans ?

OUI. Les installations nucléaires sont vétustes. En 2025, les 2/3 du parc nucléaire français vont atteindre 40 ans : les marges de sûreté ne peuvent plus être garanties, notamment en ce qui concerne les éléments non remplaçables des centrales comme la cuve ou l’enceinte de confinement. Le démantèlement des centrales nucléaires s’impose comme un choix juste digne pour l’Humanité. Il s’agit de mesure de protection pour la population face aux risques sanitaires courus, la transition écologique s’impose.

Quand on sait que le démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis dans le Finistère dure depuis 1985, et qu’en 2014 les travaux sont encore prévu pour une quinzaine d’années, on réalise qu’il faut dès aujourd’hui enclencher le démantèlement.

Le démantèlement des centrales est l’avenir du nucléaire Français. Certaines personnes ont peur de perdre leur emploi avec la fermeture des centrales nucléaires. Lorsqu’on sait que le projet de fermeture de la centrale de Brennilis est de 30 ans pour un réacteur de 70 mégawatts, cela pose la question par exemple du temps que pourra passer un démantèlement sur Fessenheim. Les deux réacteurs de la centrale possèdent une puissance de 900 Mégawatts, cela devrait largement rassurer les travailleurs du nucléaire et AREVA.

Êtes-vous oui ou non pour une sortie du nucléaire ? Si oui, sous quel délai ?

OUI. Un large débat sur l’avenir des pays européens doit s’enclencher sur la transition énergétique. Même s’il est occulté par certains groupes de pression, il a le mérite de poser la question de l’avenir que nous voulons tous ensemble. D’autres énergies propres et faiblement carbonées existent, il est essentiel de les utiliser.

Aujourd’hui, on se rend bien compte que la sûreté des installations nucléaires pâtit d’un manque de transparence criant et décroît avec l’âge des installations.

Aujourd’hui, EDF chiffre les travaux de « grand carénage » (maintenance lourde pour la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires) à 55 milliards d’euros pour tout le parc (ce qui comprend les modifications post-Fukushima). Une étude récente de l’institut Wise-Paris montre en réalité que ces coûts pourraient être 4 fois plus élevés !1

La seule stratégie responsable est d’inscrire le renforcement de la sécurité et de la sûreté des réacteurs dans une perspective d’élimination du risque nucléaire, c’est à dire une sortie progressive mais définitive. Souhaitons-nous un nouveau Fukushima en France et l’évacuation de 300 000 réfugiés. N’oublions pas qu’en France, nos centrales sont partout : Paris, Bordeaux, Nîmes, Avignon, Lyon.

Êtes-vous oui ou non pour l’abolition unilatérale des armes nucléaires sur le territoire européen ?

OUI. Le chantage diplomatique aux armes nucléaires est une absurdité, la paix durable viendra avec le désarmement.

Les États dotés d’armes nucléaires doivent s’engager dans un véritable processus de désarmement nucléaire général et complet sous un contrôle international strict et efficace. L’article VI du Traité de Non – Prolifération (TNP) leur impose cette obligation, laquelle a été confirmée par l’avis de la Cour Internationale de Justice en 1996. Nous rappelons que les 3/4 des États membres de l’ONU ont voté favorablement sur le principe d’une Convention d’élimination lors de l’Assemblée générale en décembre 2010.

EELV a déjà exprimé son opposition à cette attitude de blocage que le nouveau président François Hollande semble décidé à faire perdurer. Nous rappelons qu’aucun débat citoyen sur la politique de la dissuasion nucléaire n’a jamais eu lieu en France.

En s’engageant concrètement dans la voie du désarmement, la France prendrait un rôle majeur dans un processus international. Elle aurait le soutien des pays européens favorables à une Convention d’Élimination, auxquels pourraient se joindre le Royaume-Uni, l’autre puissance nucléaire européenne, et les pays qui demandent le retrait des armes nucléaires américaines des bases de l’OTAN. Cette politique renforcerait son rayonnement et son prestige sur la scène internationale.

Quelles actions touchant au nucléaire envisagez-vous de mener au parlement européen (abolition d’Euratom, des armes nucléaires, solidarité internationale, contrôle de l’utilisation des fonds européens,…) ?

La dépendance à l’uranium est source d’instabilité et de conflits dans les pays où il est extrait, surtout en Afrique. Les écologistes n’en veulent pas, et savent que les solutions sont ailleurs, dans une transition énergétique qui permettra la création de milliers d’emplois non-délocalisables dans les petites et moyennes entreprises.

Le groupe des Verts au Parlement européen a fait de la lutte contre le nucléaire un thème prioritaire de travail. Les écologistes sont parvenus à changer progressivement les textes de lois, incluant des prérogatives environnementales de plus en plus fortes, pour ne pas laisser cette énergie du passé rompre avec toute idée de solidarité européenne. Mais le lobby pro nucléaire reste extrêmement puissant. Pour illustration, lors de la révision de la directive sur la sûreté nucléaire, les mesures suivantes (de bon sens) proposées par le groupe des Verts ont été rejetées : un changement de base juridique d’Euratom (traité vieux de bientôt 60 ans), une période de césure d’au moins 5 ans entre l’exercice de responsabilités au sein d’une autorité de sûreté et d’une entreprise liée au nucléaire, l’introduction d’un pouvoir de sanction financière des autorités de sûreté…

Comment accepter aujourd’hui qu’un pays qui a fait le choix du nucléaire puisse faire courir le risque d’un accident à ceux qui ont choisi de s’en passer ?

Lors de ce mandat, les écologistes, en collaboration proche avec les associations, ont participé à l’émergence d’un projet d’envergure européenne connu sous le nom de Nuclear Transparency Watch qui effectue un travail de surveillance des activités en Europe, en interpellant la Commission européenne sur d’éventuels abus (réacteurs non conformes, exportation illégale de déchets radioactifs…). Créé en 2013 avec des organisations de la société civile de toute l’Europe (l’Anccli (http://www.anccli.fr), Greenpeace, le Regional Environmental Center slovène…) et des députés européens de tous bords politiques, ce réseau européen vise à garantir une exigence de transparence et de participation de la société civile dans le domaine de la sûreté nucléaire, afin de lutter contre l’omerta et la désinformation en impliquant les citoyens directement. Son premier axe de travail concerne la gestion de crise nucléaire et la gestion post-accidentelle. Suite à la mise en place d’un groupe de travail ad hoc, un rapport sur le sujet sera publié fin 2014, afin d’évaluer les différentes solutions existantes et le niveau de préparation en Europe. Un cluster NTW travaillera également sur la problématique de gestion des déchets radioactifs. Enfin, un axe concernant le vieillissement des centrales et leur extension de vie est en cours d’élaboration.

D’autre part, suite à un long processus institutionnel et à l’obstination des eurodéputés écologistes, l’Union européenne a débloqué en avril 2013, 4 millions d’euros pour la création d’un centre médical pour le suivi des victimes de la radioactivité encore présentes dans les territoires contaminés par Tchernobyl. La répartition budgétaire est la suivante : deux millions serviront au financement des activités médicales du centre, visant entre autres à assurer un suivi médical et épidémiologique des victimes tout en leur assurant le niveau d’information et d’aide médicale nécessaires pour limiter l’impact sanitaire continu de la radioactivité dans l’environnement. Un autre million servira au financement d’un incinérateur disposant de filtres empêchant la dissémination de radioactivité dans l’environnement. C’est un enjeu important puisque d’immenses quantités de bois contaminé sont encore brûlées dans cette zone. Et enfin, un million servira au financement d’une serre permettant de cultiver des aliments sur des terrains non contaminés, afin d’assurer aux enfants de la zone une nourriture saine empêchant la continuation de la contamination radioactive interne par ingestion alimentaire.

Lors de ce prochain mandat, les écologistes continueront à défaire les mythes qu’il existe autour de l’énergie nucléaire, tout en négociant la réalisation d’une transition énergétique européenne ambitieuse, basé sur le triptyque suivant : diminution de nos émissions, développement des énergies renouvelables et plus d’efficacité énergétique.

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